Denise était venue à pied de la gare Saint-Lazare, où un train de Cherbourg l’avait débarquée avec ses deux frères, après une nuit passée sur la dure banquette d’un wagon de troisième classe. Lorsque leur père était mort, emporté par la même fièvre qui avait pris leur mère, un mois auparavant, l’oncle Baudu dans l’émotion de ce double deuil, avait bien écrit à sa nièce qu’il y aurait toujours dans sa boutique une place pour elle, le jour où elle voudrait tenter la fortune à Paris. Mais cette lettre remontait déjà à près d’une année, et la jeune fille se repentait maintenant d’avoir ainsi quitté sa ville natale, sur un coup de tête, sans avertir son oncle.